«Consommer marocain représente une forte revendication des entreprises et de la CGEM».

Invité aux cycles des webinaires de l’Association pour le progrès des dirigeants (APD), le vice-président général de la CGEM, Mehdi Tazi, dévoile les différentes catégories des mesures sectorielles proposées dans le cadre de la relance de l’économie qui débutera le 30 juin prochain. Le compte à rebours a déjà commencé.

L’après-Covid : quel plan de relance économique ? La question a été posée à Mehdi Tazi, en sa qualité de vice-président général de la CGEM et membre du Comité de veille économique, lors du récent webinaire organisé par l’Association pour le progrès des dirigeants.

Et c’est sans langue de bois que le représentant de la Confédération s’est prêté à l’exercice face à un auditoire de 160 participants, principalement des présidents et des directeurs généraux d’entreprises. Rappelant le contexte très difficile dans lequel les faits se sont enclenchés à quelques mois après sa nomination aux côtés du président de la CGEM, Chakib Alj, Mehdi Tazi fait bien de rappeler que l’ampleur de la crise mondiale est telle que les prévisions sont très volatiles et ce à l’échelle du monde. «Ce qui est certain c’est que pour chaque mois de confinement, c’est une perte de 3 voire 4% du PIB qui est enregistrée à l’échelon du globe à tel point que le PIB de certains pays est passé de -6% voire -7%»…

Plantant ainsi le décor dans un contexte réel, le vice-président général de la CGEM rebondira sur l’agilité des unes et des autres parties prenantes à avoir travaillé dans l’urgence sans attendre ni décret ni loi. La première phase allant du 15 mars au 31 juin concerne, en effet, la mise en place des mesures prises pour accompagner les entreprises et les salariés dans la crise Covid-19. La seconde phase qui débutera à partir du 30 juin portera, précisément, sur la période de relance.

La première phase ayant été largement médiatisée. «Certaines des mesures ont été réajustées, compte tenu du fait qu’au moment où elles ont été mises en place, la durée n’était pas encore déterminée. Il s’agit notamment du complément de salaire quand les 2.000 DH ne sont pas suffisants compte tenu des charges incompressibles des ménages». Mehdi Tazi soulignera, justement, ce niveau d’ajustement qui concerne toujours la première phase…
Parallèlement, la phase de relance est en cours d’élaboration car plusieurs questions se posent par rapport aux secteurs d’activité à relancer prioritairement. «Nous avons saisi toutes les fédérations sectorielles à la demande du ministère des finances et nous avons pu faire remonter à travers un document de 150 pages 500 mesures recommandées par tous les secteurs», précise le vice-président général de la CGEM.

Cette seconde phase qui concerne la relance a généré la remontée de 4 types de catégories de mesures.
Le premier type porte sur les mesures de contingence. «Elles s’appliqueront dans le cas où le démarrage de l’activité s’effectuera en mode dégradé compte tenu de l’arrêt. La question est de savoir si l’Etat va aider ce type d’entreprise en attendant que la demande puisse reprendre», explique le manager.
Les mesures de financement représentent le second type de catégorie de mesures proposées par les différentes fédérations. Déjà s’agissant de celles faisant référence à la dette, il est question de savoir comment une entreprise peut avoir un prêt bancaire sur une longue durée de 10 ans qui couvrirait les charges d’exploitation avec un délai de grâce, un taux le plus bas possible, c’est-à-dire moins de 4% et surtout automatique. Sur le financement des fonds propres, des mesures ont également été proposées en vue de l’accompagnement des secteurs qui en ont besoin comme le tourisme. Il est clair que s’agissant de ce domaine d’activité, les enjeux sont énormes. Le rétablissement des entrées en devises étant primordial… et au-delà des ouvertures des frontières aucune certitude n’est possible aujourd’hui pour savoir le comportement d’achat du touriste étranger (crainte, précarité, logistique…).

Le troisième type de catégorie de mesures proposé renvoie au support de la demande. «Consommer marocain représente une forte revendication des entreprises et de la CGEM», déclare Mehdi Tazi. La seconde parmi les principales mesures de cette catégorie concerne le maintien des commandes publiques à un niveau élevé. «Nous portons cette revendication forte car la tendance dans certains pays est de faire le contraire car ils n’avaient pas assez de recettes, ce qui s’est soldé par des scenarii catastrophiques», argumente le porte-parole de la CGEM.

Enfin le dernier type de catégorie est celui des mesures d’accompagnement qui s’est posé de fait lors de cette crise Covid-19 et qui porte principalement sur l’informel. «C’est le meilleur moment de faire prendre conscience aux entrepreneurs de l’intérêt de payer les impôts. L’une des recommandations est donc d’élargir la base bénéficiant de la CNSS et de l’AMO. La contrebande est un vaste chantier où un grand travail a déjà été fait et on doit profiter de cette crise pour que l’informel soit au maximum contenu». Le plaidoyer à ce niveau est clair. L’objectif étant de favoriser l’inclusion sociale à travers notamment l’augmentation du taux de bancarisation. Dans ce type de catégorie, des mesures de simplification de l’acte administratif ont également été proposées. Elles ont été listées pour certains secteurs d’activité.

L’intervention de Mehdi Tazi était claire et sans détour. Les questions des participants virtuels ont permis de cerner les préoccupations des uns et des autres. Le mot d’ordre est dans le maintien du circuit productif pour préserver les emplois. Et l’intervention de l’Etat est très attendue à ce niveau. Les pouvoirs publics en sont conscients. Il s’agira de trouver le bon dosage sectoriel pour amorcer la relance. L’exercice ne sera pas facile et il nécessitera, des fois, de nouveaux modèles managériaux avec, au cœur des priorités, le capital humain. La boucle sera ainsi bouclée.

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